Quelle cour aujourd’hui
me verrait jouer ?
Crierait : Haro !
sur ma langue affûtée ?
Sur mes mots qui bousculent
de leur juste portée
une herbe lâche ?
Ces brins béni-oui-oui
diablement ont besoin
d’être secoués
Mes oreilles
ne sont point d’un bonnet,
dirais-je à ceux
qui me croient cancre
Plus que d’autres
mes longues oreilles
sont antennes
captant l’air du temps
Ce ne sont pas celles
minuscules de l’ours
qui en feraient autant
La peste que l’air de ce temps
stigmatise
est compliquée
Elle est un nid
d’arrière-pensées,
de bonnes et de mauvaises
intentions,
d’intérêt – dans plusieurs sens du terme –
et de cette courtisanerie
encore et toujours
révoltante
Je me révolte
sans aveugle colère
Jusqu’à mes larmes
je pèse
N. B. Mon texte compense la fable de La Fontaine en donnant au baudet une autre parole. L’ours y résume d’autres animaux puissants qui écrasent l’âne de leur pouvoir.