Pour José Géraldo
(On entend des pas lourds, une multitude de pas lourds marteler la terre. Des ahanements, des cris, des respirations, de temps en temps, des pleurs, puis le silence. La lumière monte sur une longue théorie de marionnettes décharnées vêtues de lambeaux de vêtement colorés, couvertes de bâches de plastique, des femmes, des hommes, des enfants, des bébés, des mourants, une humanité en marche. Les personnages avancent sur un chemin que la main du marionnettiste sème devant eux. La main hésite, sème dans un sens, puis dans l’autre, probablement au hasard. Et la théorie des pantins repart dans cette lumière aléatoire, les yeux ouverts sur ce qui vient d’advenir. Ils passent et repassent jusqu’à tourner en rond. À chaque passage, ils sont de plus en plus décharnés. Certains ont perdu un bras, une jambe, la tête, les yeux… mais ils marchent. Les marionnettes changent de couleurs à chaque passage : noires, puis grises, puis blanches. On entend maintenant un kyrie et des chants d’enfants. Des gens tombent, désarticulés, des tas se constituent. Les hordes de marcheurs se dispersent à l’horizon et de sous un tas de membres et corps désarticulés on entend une faible voix, les membres bougent légèrement, le chaos s’anime, apparaît un bras…)
La voix : Mama yé, mama yé, l’enfer, mama yé, l’enfer sur la terre ! Mama yé !
(Apparaît une marionnette représentant une toute jeune fille, 12 ans à peine, vêtue d’un pagne) Lire la suite →