Le paysage était loin derrière elle, maintenant. Le jeans au niveau de sa taille boudinait. Lolita, elle le fut. Lo li ta, jo li tas, elle le fut. N’avait-elle pas écrit : « là, à demi-nue sur une natte inondée de soleil, s’agenouillant et pivotant sur ses jarrets, je vis mon amour… » ?
Le livre qui porte ce nom, relu cinquante ans plus tard, garde-t-il le piment corrosif de sa jeunesse ? N’est-il pas devenu, plus simplement, la sinistre aventure du narrateur ? Le roman d’un pédophile, le rêve détaillé et pervers d’un névrosé qui se raconte jusqu’à la cour d’assises, peut-être pour se justifier ? Depuis lors, les tribunaux en ont jugé d’autres, dans le réel et le sanglant, provoquant le public et les marches blanches.
La confession romancée, qui s’intitule Lolita, échappe à la seule licence par la narration même de son héros, si l’on peut appeler ainsi Humbert Humbert. L’obsession lui donne du lyrisme, mais l’obsession demeure répétitive lorsque les pages succèdent aux pages. Nabokov atteint-il son but : « fixer à tout jamais la magie périlleuse des nymphettes » ? Lire la suite