L’évasion, nous en caressons à chaque instant l’idée dans nos bureaux, nos bagnoles, nos supermarchés, nos lycées, prendre la clé des champs, changer de peau, ni vu ni connu, recommencer à zéro sous les tropiques, aux Pôles ou ailleurs, ou simplement faire le tour du monde à vélo ou à la voile, se fondre dans l’anonymat de Calcutta, de Shanghaï, de Lagos, de Bogota, que sais-je, juste pour voir ce que cela donne, voir sans être vu, une sorte de cache-cache avec soi-même, ne plus voir toutes ces tronches à la télé qui vous supplient de rester là rivé à votre écran sans quoi ce seraient elles qui risqueraient de valser, cette nausée parfois, ce goût de trop, plus que la goutte qui fait déborder le vase, ce trop-plein, cette envie de vomir et de se tirer le plus loin possible, quand ça vous prend parfois lentement ou tout d’un coup, ça s’installe dans tout votre corps, ça campe et alors vous tenaille ce désir de tout larguer, d’envoyer dinguer tout et tout le monde et de filer en douce avec ou sans bagages et surtout sans se retourner, à pied ou en voiture jusqu’à la prochaine gare puis un port lointain, sans la moindre carte, sans réservation, sans voucher, sans forfait pour remontées mécaniques, sans petit-déjeuner compris, sans Guide Michelin, sans Gault et Millau, sans billet de retour surtout et vous marchez là sur le sentier de gravier et vous songez une dernière fois, Lire la suite →