Belgica est venue me consulter, afin que j’interroge ma boule de cristal.

Votre boule est ronde comme la planète, voire comme l’univers, me dit-elle d’emblée. Or, j’ai besoin d’un regard à la fois circulaire et intérieur. Cette intériorité, la transparence du cristal doit la révéler. Jusqu’au noyau. Je ne dis pas : jusqu’à l’os, je n’en suis pas encore là !

Elle débordait en effet de couleurs et de mots baroques.

Soudain, elle se tut, fixant la rondeur comme si quelque chose lui était apparu. À tel point que je lui demandai, sans regarder ma sphère, ce qu’elle y voyait.

— Une vigne ! s’écria-t-elle, une vigne dans un parc, des ceps arrachés, des raisins foulés non pas pour en extraire le jus, mais… je ne sais pas pour quoi… Ce qui est sûr, c’est que c’est triste…

Elle se mit à voir toutes sortes de choses sans lien et sans rapport entre elles…

— On croirait que vous regardez les informations, lui fis-je remarquer.

— C’est vrai, avoua-t-elle, je constate des remous et n’en décèle pas les causes…

Je me concentrai alors sur mon cristal : tout y était devenu brumeux.

C’est ce flou qui vous inquiète, diagnostiquai-je.

Oui, il m’a rendue et me rend malade. Que faut-il donc y comprendre ?

Une réponse jaillie du cœur de la boule s’énonça aussitôt sur mes lèvres, en une pas trop énigmatique lueur :

Autre chose !

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